Pour en finir avec les activités illicites de la pêche dans ses côtes, le Sénégal a besoin d’investir dans l’achat de moyens de surveillance. Ce qui demande des moyens énormes, même si les retombées à long terme en sont inestimables.
Si le Sénégal parvenait à investir 33 milliards de francs Cfa dans les équipements de lutte contre la pêche illicite, non réglementée et non déclarée, il pourrait économiser plus de 164 milliards de francs Cfa en 25 ans. M. Oumar Ndiaye, secrétaire général du ministère de la Pêche et des Affaires maritimes, qui a fait cette déclaration, la semaine dernière, assure que ces données ont été validées par les experts. C’était au cours de l’atelier organisé sous l’égide de la Commission sous-régionale des pêches (Csrp), qui s’est tenu les 25 et 26 février 2013 à Dakar, dans le cadre du projet d’appui à la gestion des ressources halieutiques, financé par la Giz allemande.
M. Ndiaye a déclaré que «cette stratégie de lutte contre la pêche Inn au Sénégal, prend en compte la nécessité de suppléer à la faiblesse des moyens de contrôle disponibles dans les Etats de la sous-région qui n’ont pas toujours permis de barrer la route à tous les navires pirates, nationaux et étrangers, qui exploitent de façon illégale, non réglementée et non déclarée, les ressources halieutiques de la sous-région». Les chiffres dévoilés par M. Achmiyou Tall, le président du comité de coordination de la Csrp lors de l’atelier, indiquent que la pêche Inn représente 1 milliard de dollars américains de manque à gagner par an. Phénomène mondial, cette activité génère environ 23 milliards de dollars par an, selon des chiffres de la Fao.
Pour des pays comme le Sénégal, cette activité a des conséquences sociales et économiques terribles. Oumar Ndiaye en a énuméré quelques-unes lors de l’atelier du 25 février dernier : «Rareté de la ressource, disparition de certaines espèces, fermeture d’usines et pertes d’emplois dans le secteur de la pêche…» Il y a aussi les conflits entre pêcheurs artisans et pêcheurs industriels, pour une ressource qui devient chaque jour plus réduite, la destruction de l’écosystème marin, le chômage de jeunes et de femmes. Qui entraînent des phénomènes d’émigration sauvage vers l’Espagne, avec des pirogues, communément appelés «Barça ou barsakh», et leurs lots de morts et de disparus en mer.
La rencontre de la semaine dernière avait donc pour objet de valider un plan d’action de Suivi, contrôle et surveillance (Scs) de ce phénomène, ainsi que des recommandations à la prochaine session ministérielle, pour améliorer la mise en œuvre des instruments juridiques des Etats membres. Achmiyou Tall a demandé pour sa part, dans l’attente de la mise en œuvre de ce plan d’action, «des mesures correctives urgentes pour juguler le phénomène», et appelé à une «lutte rude et permanente dans une synergie d’actions durables, dans les Etats et la sous-région». Dans le cadre de ce plan d’action, qui devrait être validé lors du Conseil des ministres de la Csrp qui doit se tenir à Dakar à la fin du mois de mars, en marge du 28ème anniversaire de la Csrp, le Sénégal, selon Oumar Ndiaye, pense à l’acquisition «de patrouilleurs de haute mer, d’un avion de surveillance polyvalent pour la surveillance des pêches, le transfert effectif du signal Vms vers Cco/Marine et Cco/Air». Il s’y ajoutera «le partage d’information Vms avec les pays voisins notamment la Mauritanie, l’installation de stations côtières multifonctionnelles, avec éventuellement un système de radar intégré, au niveau des frontières». Tous ces moyens sont bien entendu, à mutualiser par l’ensemble des sept pays de la Commission, dont les frontières côtières vont de la Mauritanie au nord, à la Sierra-Leone au sud.
Source: www.Lequotidien.sn