Lutter contre la surpêche fait partie des objectifs de la COP22 et de plusieurs initiatives. Il est urgent de rendre aux pêcheurs leurs moyens de subsistance. Si les communautés de pêcheurs installées sur les côtes souvent hostiles du continent africain ont surmonté de nombreuses difficultés par le passé, elles sont aujourd’hui confrontées à des défis d’une ampleur sans précédent.
Bon nombre d’entre elles n’ont que la pêche comme moyen de subsistance. Or l’appauvrissement des stocks de poissons est aujourd’hui aggravé par le changement climatique : le réchauffement et l’acidification des océans, de même que la hausse du niveau de la mer, affectent les habitants et la reproduction des poissons.
Stabilité politique et sociale
Il s’agit là d’une question importante sur le plan environnemental, bien évidemment, mais pas seulement. Les communautés côtières n’ont souvent d’autre choix que la pêche. Comme le disait un ancien ministre mauritanien, « arrachez la pêche à notre peuple, et il n’aura plus rien à perdre ». Il en va de la stabilité politique et sociale.
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L’une des meilleures façons de renforcer la résilience climatique des communautés côtières est de préserver leur principal moyen de subsistance, les ressources halieutiques. Les délégués qui se réunissent à Marrakech à l’occasion de la COP22 doivent impérativement tenir compte de cet élément.
La protection de ces ressources est loin d’être aisée. De nombreux rapports, y compris le Rapport 2014 sur les Progrès en Afrique, Agriculture, pêche et capitaux : comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique, mettre en garde contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée qui contribue à l’épuisement des stocks de poissons dans les eaux africaines. La pêche illégale coûte à la seule région d’Afrique de l’Ouest près d’un tiers des prises.
Certains gouvernements, notamment ceux de Mauritanie et des Seychelles, sont particulièrement sensibles à ce problème ; c’est pourquoi ils ont contribué à la création de la Fisheries Transparency Initiative (FiTI) au début de l’année 2015. Cette initiative a pour mission de protéger les stocks de poissons grâce aux principes de transparence et de participation.
Questions cruciales
La FiTI est une initiative multipartite et internationale dans le cadre de laquelle les pays cherchent à mieux comprendre la problématique de l’accès aux ressources halieutiques : qui y a accès ? Et dans quelles conditions (financières) ? Quelle quantité de poisson est-elle prélevée ? La résolution de ces questions cruciales par le biais d’un processus de délibération aidera les pays à améliorer la gouvernance dans ce secteur central dans l’intérêt de leurs citoyens.
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La FiTI prend de l’ampleur. La Guinée, l’Indonésie et le Sénégal ont rejoint les rangs des pays pilotes aux côtés de la Mauritanie et des Seychelles. Une première réunion de financement, organisée à Washington le mois dernier à l’occasion des réunions annuelles du FMI et du Groupe de la Banque mondiale, a porté ses fruits. Par ailleurs, la norme internationale de transparence de la FiTI sera finalisée début 2017 sous la direction d’un groupe consultatif multipartite international.
La FiTI n’est pas le seul programme de protection des stocks halieutiques au monde. A l’instar d’autres initiatives, elle reflète le tournant décisif que connaît actuellement la pêche à l’échelle mondiale : la considération dont elle fait l’objet, aujourd’hui très faible, a entamé une progression de longue haleine.
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Un traité mondial, l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État du port, signé par 35 États et organisations internationales, notamment l’Union européenne, est par exemple entré en vigueur en juin dernier. Le mouvement en faveur de la suppression des subventions colossales de près de 20 milliards de dollars par an, qui encouragent la surpêche, gagne du terrain. Certains pays africains procèdent par ailleurs à des échanges d’informations par satellite afin de mettre un terme à la pêche illégale.
Source: http://lauthentic.info