La décision du gouvernement nigérien de lever les interdictions imposées depuis quatre ans sur la pêche et la culture du poivron dans le lit du lac Tchad et autour de la mare de Komadougou (à Diffa, extrême sud-est), va faire revivre l’économie de ces régions, à en croire des personnalités proches du dossier.
En effet, depuis 2015, le gouvernement nigérien a interdit la production et la vente du poivron, ainsi que la pèche et la commercialisation du poisson dans ces zones, proches des frontières du Nigeria et du Tchad, susceptibles de servir de nid au groupe terroriste Boko Haram.
De sources proches du dossier, ces activités seraient susceptibles de financer les actions de la secte terroriste, notamment par le biais d’impôts et autres formes de dîmes (efforts de guerre) perçus chez les exploitants, pour leur assurer, en contrepartie, la sécurité.
Cependant, depuis quelque temps, en dépit de certaines attaques sporadiques attribuées au groupe terroriste, on observe une relative accalmie grâce aux actions de ratissage que mènent de manière régulière les Forces de défense et de sécurité (FDS) nigériennes ainsi qu’aux opérations de grande envergure engagées depuis plus d’un an par une force multinationale mixte composée des armées du Tchad, du Niger, du Cameroun et du Nigeria.
Pour le député national Lamidou Moumouni, élu au titre de la région, « la population de Diffa dans son ensemble est satisfaite de cette mesure prise pour libéraliser la pêche et la culture du poivron et alléger les souffrances liées à l’état d’urgence. Cela permet à l’économie de Diffa de commencer à revivre ».
Toutefois, il estime que des mesures d’accompagnement devront suivre cette décision en vue d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. « Il faut assurer la sécurisation des zones, notamment dans le lit du lac Tchad et autour de la Komadougou, infectés par les éléments de Boko Haram », suggérant même « que les FDS occupent ces zones, pour que ça ne profite (pas) à l’ennemi ».
Pour lui, ce signe d’accalmie ne suffit pas pour désarmer, « il faut être en alerte à tout moment, cette accalmie peut cacher un certain temps de préparatif chez l’ennemi ».
Ce sentiment est également partagé par M. Yacouba Oumarou, ancien gouverneur de Diffa, qui estime également qu’il faut créer les conditions de sécurisation des populations dans le lit du lac et aux alentours de la Komadougou.
De même, selon l’acteur de la société civile Ibrahim Diori, la levée de cette mesure et de toutes autres qui touchent les droits socio-économiques des populations qui sont, en plus de la culture du poivron et la pêche, l’accès à certaines zones de pâturage, sont à saluer.
« Nous sommes contents d’appendre que ces mesures injustes sont levées, cependant il faut également songer au retour des dizaines de milliers d’habitants, vivant dans le lit du lac, des zones propices à la production du poisson et à la culture du poivron, qui ont été expulsés manu militari en mai 2015 par les autorités ».
La culture du poivron est pratiquée de manière familiale par les populations autochtones qui ont élu domicile dans leurs champs, notamment dans le lit du lac et au bord de la Komadougou, alors que la pêche est une grosse industrie impliquant une dizaine de nationalités.
De source proche de la direction régionale de l’environnement, les recettes annuelles tirées de la vente des produits de la pêche et de la commercialisation du poivron, appelé aussi « l’Or rouge », sont estimées entre 70 milliards de FCFA (119 millions de dollars) et 100 milliards de FCFA (171 millions de dollars).
Source: http://french.china.org.cn/foreign/txt/2019-03/09/content_74552221.htm