Si les mesures ont permis de réduire l’ampleur des actes de criminalité maritime et de piraterie, récurrents au large des côtes béninoises ces dix dernières années, le pays n’est toujours pas à l’abri, du fait de sa proximité géographique avec les zones à haut risque. La menace de piraterie, de brigandage et de kidnapping est permanente. En effet, le taux d’attaques contre les navires et les marins en transit dans le golfe de Guinée reste élevé. Six marins russes ont été enlevés puis relâchés par les pirates qui ont attaqué et pillé leur bateau « Msc Mandy » pendant plus de deux heures, le 1er janvier dernier, à quelque 20 milles marins du port de Cotonou. Quelques mois plus tôt, ce sont des pêcheurs qui ont fait les frais des bandits de la mer, amenant l’autorité préfectorale du Littoral à déclencher dès le 5 mars 2018 l’opération dite « Ouragan » dirigée par la Police républicaine et le génie militaire contre les occupants illégaux du domaine public fluvial et maritime.
Ces attaques influencent donc le commerce entre les continents et pendant la croissance économique des pays en induisant l’augmentation des polices d’assurance, et par conséquent, une perte en termes de fréquentation des ports. Celles répertoriées dans les eaux bordant la Côte d’Ivoire jusqu’à la République démocratique du Congo ont plus que doublé en 2018, selon le Bureau maritime international (Bmi). Les six navires détournés dans le monde l’an dernier, l’ont été au niveau de la côte ouest-africaine qui a également enregistré 13 cas de tirs sur les bateaux et plusieurs cas de kidnapping donnant lieu à des rançons, selon la même source.
Dans le même temps, la pêche illégale se poursuit dans la zone, privant de ressources financières importantes et nutritives bien nécessaires les populations locales. Au Bénin, l’enjeu est de taille en ce sens que le port de Cotonou demeure le «poumon de l’économie nationale », vu son apport capital au produit intérieur brut (60 % du Pib). Pas plus tard que la semaine dernière, un atelier de soixante-douze heures a été consacré au sujet, en l’occurrence à la formation des acteurs de la justice pénale.
Aussi, la pollution marine par le transport de substances illicites et les trafics de toutes sortes, notamment la traite des personnes, restent également des défis dans la région. En Conseil des ministres du 11 janvier 2018, le gouvernement s’était déjà penché sur le phénomène de la pollution en mer en décidant, entre autres, de déployer un patrouilleur spécialement pour la surveillance permanente des installations abandonnées sur le champ pétrolifère de Sèmè, lesquelles constituent un danger aussi bien pour la sécurité des navires, pour l’environnement que pour les populations. Mieux vaut prévenir que guérir, dit l’adage. C’est en ce sens que le recours à la société norvégienne Vissim A.S., mondialement connue dans la conception des logiciels de surveillance maritime, paraît pertinent.
Nobles ambitions
Un mémorandum d’entente a été signé entre le gouvernement et la société Vissim A.S, le 30 novembre 2018 à Cotonou, dans le cadre du projet de mise en place d’un système de gestion efficace de l’espace maritime du Bénin, en vue de rassurer les opérateurs maritimes et autres usagers des côtes béninoises.Construire un nouveau centre national de contrôle maritime à Cotonou, renforcer la surveillance et la protection des navires locaux contre les effets de la piraterie, surveiller les zones de pollution et détecter les pollutions en mer et améliorer la sécurité et la sûreté du trafic maritime ainsi que sur le lac Nokoué et sur les rivières intérieures. Telles sont les missions assignées à cette société identifiée par le gouvernement pour fournir des solutions de pointe au Bénin dans le cadre de la protection de toute sa façade maritime ainsi que de certaines de ses frontières terrestres.
L’opération vise principalement à renforcer la sécurité autour de nos frontières et du Port de Cotonou, selon le Conseil des ministres en date du 10 avril dernier. Pour ce faire, la société devrait prendre en compte le déploiement de radars appropriés le long de la côte béninoise, de Grand-Popo à Sèmè-Kraké et ce, jusqu’à la zone économique exclusive, afin d’assurer la surveillance permanente des frontières terrestres et maritimes. Il est question de renforcer la sécurisation des eaux et d’en rassurer les usagers dans la lutte contre la pêche illégale et autres activités répréhensibles des bateaux mouillant dans nos eaux, afin que le pays ne connaisse plus les actes de piraterie maritime qui sont encore légion dans la sous-région ouest-africaine.
Mais, la délicatesse de la question des crimes maritimes montre qu’elle dépasse les compétences d’un seul pays. La lutte nécessite des actions concertées : une approche maritime coordonnée soutenue par le renforcement de la diplomatie navale, l’adoption de législations et règlementations communes et de stratégies globales contre tous les actes de vol à main armée ou la pêche illégale en mer, mais aussi et surtout l’instauration de patrouilles maritimes bilatérales ou régionales. Dans ce cadre, plusieurs projets sont mis en œuvre tels que l’Appui à la stratégie maritime intégrée de l’Afrique de l’Ouest (Swaims) de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (Onudc); Gulf of Guinea Inter-régional Network (Gogin) ; le Projet pour l’amélioration de la gouvernance régionale des pêches en Afrique de l’Ouest (Pescao). Il convient de veiller à ce que les fruits tiennent la promesse des fleurs, à travers l’atteinte des objectifs.
Source: https://www.lanationbenin.info/index.php/economie-2/144-economie/19491-protection-de-la-facade-maritime-et-des-postes-frontaliers-terrestres-prevenir-les-crimes-maritimes-et-la-peche-illegale