Après une mise en œuvre de la première phase du Projet régional des pêches en Afrique de l’Ouest (Prao), le Sénégal prépare activement la deuxième. Un atelier de partage des documents sur l’évaluation environnementale et sociale du projet a été organisé, hier, en présence de tous les acteurs.
Le Sénégal prépare le lancement de la deuxième phase du Projet régional des pêches en Afrique de l’Ouest (Prao). Les différentes parties prenantes dans la mise en œuvre du projet ont pris part, hier, à la direction des pêches maritimes à un atelier de partage des documents sur l’évaluation environnementale et sociale du projet. Cette étape, selon les acteurs, est indispensable avant l’approbation du projet par la Banque mondiale. Le consultant commis à cet effet a présenté aux acteurs de la chaine le cadre de gestion environnementale et sociale, le cadre politique de réinstallation et le cadre fonctionnel du projet.
L’étude sur le cadre de gestion environnementale et sociale indique que ce projet, dont les principales zones d’intervention sont Dakar, Ziguinchor et Saint-Louis, va permettre « d’améliorer durablement la gestion et la conservation des ressources halieutiques du pays ». « Le projet, à travers une approche inclusive, va allier à la fois les exigences de protection et de conservation des ressources et celles d’amélioration des revenus des communautés et des acteurs concernés, grâce à la mise en application de bonnes pratiques de gestion et de gouvernance responsable », mentionne le consultant dans son rapport. Toujours sur le plan environnemental, l’étude souligne qu’il y a des « impacts positifs potentiels » grâce à la mise en œuvre de « mesures de conservation et de surveillance des écosystèmes ». Ce qui va permettre d’obtenir, dans ces sites d’intervention, un « rétablissement de la productivité biologique » et une « amélioration de la biodiversité ».
La deuxième phase du Projet régional des pêches en Afrique de l’Ouest (Prao) s’accompagne d’une construction d’infrastructures de pêche modernes. Cependant, même si ces édifices auront des impacts positifs certains en permettant d’améliorer les moyens de subsistance des groupes vulnérables et de rendre plus compétitif le secteur, il n’en demeure pas moins que ces potentiels infrastructures peuvent entrainer des risques environnementaux et sociaux. D’après le rapport d’étude d’impact, l’installation des chantiers et la libération des emprises nécessitent un « défrichement du couvert végétal et pourraient également engendrer différents conflits et des nuisances éventuelles ».
En outre, l’étude a dénombré environ 1020 personnes (physiques et morales) affectées par le projet. Toutefois, elle précise que « ces chiffres sont donnés à titre indicatif ». « Un recensement et une étude socioéconomique spécifique seront nécessaires pour déterminer le nombre précis de personnes affectées, lors de l’élaboration des plans d’actions de réinstallation », indique le rapport. En plus, le document rapporte que la deuxième phase du Projet régional des pêches en Afrique de l’Ouest, dans sa mise en œuvre au Sénégal, va affecter des structures et aménagements mis en place dans les sites de débarquements par les acteurs de la pêche artisanale. Les principaux concernés seront surtout les femmes vendeuses et transformatrices de poissons, les réparateurs de pirogues et de moteurs, présage le rapport.
Aliou Ngamby NDIAYE
Quels enseignements peut-on tirer des documents de sauvegarde environnementale et sociale qui viennent d’être partagés au cours de cette rencontre ?
Ce qu’il faut dire est que les questions de sauvegarde environnementale et sociale sont devenues primordiales pour la Banque mondiale. Aucun projet ne peut être financé, aujourd’hui, par cette institution sans avoir fait l’objet d’une évaluation environnementale et sociale. L’objectif est de voir tous les impacts négatifs que pourrait avoir la mise en œuvre du projet. Tout cela est pris en compte avant la mise en œuvre. C’est un projet de développement et un projet de développement n’est pas là pour appauvrir les populations. Si le projet peut avoir des impacts négatifs aussi bien sur les personnes que sur l’environnement, il faut que tous ces éléments soient pris en compte. C’est quelque chose qu’on ne faisait pas avant, mais de plus en plus, c’est une obligation aussi bien au niveau du Sénégal qu’au niveau de la Banque mondiale.
Quels sont les différents sites de pêche qui ont été retenus pour la deuxième phase ?
La première phase était essentiellement la Petite Côte, Fatick et Dakar. Maintenant, on a conservé la Petite Côte, mais on a essayé d’aller vers le Nord avec un site à Fass Boye, dans le Sud avec un site à Kafountine. Il y a des sites de cogestion bien particuliers au Nord et à Dakar qui intéressent les acteurs. Il y a surtout des activités qui ont une dimension nationale comme les plans d’aménagement.
Pourquoi avez-vous jugé nécessaire d’élargir les sites d’intervention du Prao pendant cette deuxième phase ?
Le Sénégal compte plus de 200 sites de débarquements. Si l’on n’associe pas tous les acteurs à la mise en œuvre, l’Etat, à lui seul, malgré toute sa volonté, n’a pas tous les moyens pour couvrir toutes ces zones. On ne peut pas mettre des policiers dans chacun de ces sites. Le meilleur moyen de gérer la ressource, c’est d’associer les acteurs. Il faudra donc qu’ils se sentent concernés et qu’ils s’approprient le principe de l’obligation de gérer la ressource, mais avec l’appui de l’Etat. Si l’on veut gérer la ressource, surtout pour la pêche artisanale, il faut aller au niveau le plus bas. L’administration des pêches, représentée par les postes de contrôle, travaillent en étroite collaboration avec les acteurs des sites. Cette expérience, pendant la première phase, a montré que quand on mettait les moyens et qu’on accompagnait les acteurs, ils étaient capables de faire des choses extraordinaires. L’idéal serait de l’étendre sur tout le littoral sénégalais.
Recueillis par A. Ng. NDIAYE
Source:http://www.lesoleil.sn/2016-03-22-23-21-32/item/79187-gestion-durable-des-pecheries-le-senegal-prepare-la-deuxieme-phase-du-prao.html