L’état des ressources naturelles
La sous région n’est pas particulièrement riche en ressources halieutiques comparativement à la partie septentrionale du Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est (COPACE) ou la zone sous influence du courant de Benguela dans le sud. Toutefois, les ressources halieutiques comprennent d’importantes espèces pélagiques (principalement la sardine, l’anchois, le maquereau espagnol et la bogue) ; de larges pélagiques tels que les thonidés ; les espèces démersales, les mollusques et les crustacés (généralement les crevettes pénéidées). Certains stocks de pélagiques sont partagés par tous les pays (exemple les thonidés) ou par certains pays. L’allache par exemple est partagée par tous les pays à l’exception du Libéria. L’abondance des espèces de petits pélagiques varie d’année en année et dépend entre autres de l’intensité de la remontée saisonnière des eaux côtières qui a lieu dans certaines parties de la région. Les ressources démersales semblent être localisées, mais leur regroupement présente les mêmes caractéristiques à travers la sous région.
Les ressources halieutiques de la sous-région sont exploitées par des flottes artisanales, semi industrielles et industrielles. En général, la pêche offre est une importante source d’emplois et de devises étrangères puisque la plupart des thonidés et des crustacés sont exportés. Les débarquements totaux enregistrés de poissons capturés par pays dans la sous-région ont augmenté de moins de 115 000 tonnes en 1960 à plus de un million de tonnes en 2003, tandis que la production aquacole au cours de la même période était approximativement de 34 000 tonnes, la grande partie de la production venant du Nigéria. La sous-région reste cependant un net importateur de poissons et de produits halieutiques.
Pour une grande partie de cette population, le poisson est la seule source de protéines d’origine animale. Au plan de l’alimentation, le secteur est essentiel pour l’apport de protéines dans la région. La moyenne de la consommation représente presque le double de la moyenne africaine de 8,2 kg /an /habitant.
Problématique actuelle de la gestion des ressources
La gestion des pêches dans la sous-région se fait de la même manière dans tous les six pays et implique principalement des règlementations sur la taille des mailles, l’octroi de licences d’exploitation aux navires, la délimitation des zones de pêche et la surveillance qui est généralement limitée à l’inspection des ports, sauf au Ghana et au Nigéria où des patrouilleurs sont disponibles. Le libre accès aux zones de pêche est un phénomène familier pour ce qui concerne la pêche artisanale, tandis que la pêche illicite, non déclarée et non réglementée est commune à toutes les pêcheries. On enregistre souvent des cas de braconnage de la part des navires “étrangers”. Des politiques relatives aux questions émergeantes sont assez identiques à travers la sous région. Les pays appliquent les principes du Code de conduite de la FAO sur la pêche responsable, bien qu’ils n’ont pas encore intégré ces principes dans leurs cadres législatifs.
Les administrations des pêches dans les pays de la région du Centre-Ouest du Golfe de Guinée manquent de ressources humaines, matérielles et financières pour accomplir leurs obligations en matière de gestion des ressources halieutiques avec efficacité. La pénurie de personnel et de structures réglementaires affaiblit l’application de la loi dans certains pays. Dans tous les pays membres du Comité des pêches pour la région Centre-Ouest du Golfe de Guinée, à l’exception du Ghana qui dispose d’un Ministère de la pêche, l’administration des pêches relève du Ministère de l’agriculture ou de la production animale.
La gouvernance des pêches soulève plusieurs problèmes notamment de nature socio-économique, écologique et humaine. Beaucoup de ces problèmes étant communs à tous les pays membres et exige que des efforts coordonnés soient déployés pour échanger des connaissances et des informations, améliorer les outils de gestion, renforcer le suivi, le contrôle et la surveillance ainsi que la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
1.5 La lutte contre la pauvreté dans la sous-région
Les diverses études nationales effectuées par la FAO à travers le Programme pour des moyens d’existence durable dans la Pêche (PMEDP) prouvent que le secteur de la pêche contribue pratiquement entre 3 et 5 pour cent du PIB national, et jusqu’à 23 pour cent du PIB du secteur primaire dans certains pays.
Le secteur industriel contribue de manière significative au revenu national dans certains pays. Cependant, ce n’est pas l’employeur le plus important ou le pourvoyeur le plus important de poissons aux marchés nationaux et régionaux. C’est la pêche artisanale (traditionnelle et de petite taille, souvent avec les canoës en bois) qui répond à ces besoins.
Les femmes en Afrique occidentale jouent souvent un rôle primordial dans les différentes activités des pêches, comme d’ailleurs dans d’autres secteurs de l’économie ou de l’industrie. En dépit de ce rôle, les femmes sont le groupe le plus vulnérable dans la région à côté des enfants. C’est à leurs niveaux que le taux d’analphabétisme est le plus élevé. Le caractère saisonnier de la pêche dans cette région rend les différents types de conservation des produits de pêches très importants, comme le séchage, salant et fumant, qui sont réalisés essentiellement par des femmes. Les femmes sont également responsables de la récolte d’intrants servant à la conservation, elles assurent la vente et, souvent, fournissent également le financement de l’achat des pirogues ou tout autre équipement requis pour conduire les opérations de pêche.
Les communautés de pêche constituent un des groupes présentant le plus de risques pour le SIDA, en partie à cause de leur forte mobilité. C’est une menace grave pour les communautés, la profession et pour la sécurité de alimentaire. La compréhension de la migration dans les communautés de ces pêcheurs est un outil dans le combat contre la propagation du VIH/SIDA de même que l’amélioration de la situation des femmes.