(17/01/2012)
La Côte d’Ivoire, à l’instar de beaucoup d’autres pays connaît depuis quelques années, une tendance baissière de sa production halieutique. Les dernières statistiques indiquent que la consommation nationale est estimée à 288 000 tonnes par an alors que la production locale ne couvre que 44 000 tonnes.
Pourtant, le poisson constitue la première source de protéines animales la plus consommée, eu égard à son prix, relativement bas par rapport à celui de la viande. Plusieurs raisons expliquent ce faible taux de la production locale. A savoir le pillage massif et systématique des pêcheurs pratiquant une pêche illégale, non déclarée et non réglementée ; l’utilisation abusive de certains engins dangereux pour la sécurité des pêcheurs sur les cours d’eaux tels que les palangres (fils munis de plusieurs hameçons sur des centaines de mètres dans l’eau) et le non respect des périodes de fermeture de la pêche pour le repos biologique. Toute chose qui induit inéluctablement une surpêche qui touche jusqu’aux zones de frayère, zones de reproduction par excellence des poissons et des crustacés. Faisant de la promotion de la pêche au plan local, son cheval de bataille, et très regardant sur ces fléaux qui sont communs à tous les plans d’eau du pays, le ministère des ressources Animales et Halieutiques a mis en place un certain nombre de mesures pour réglementer le secteur et répondre ainsi à la vision de développement et de modernisation du secteur.
Désormais, tous les pêcheurs des plans d’eau intérieurs seront recensés et autorisés en fonction des possibilités de pêche de chaque plan d’eau. Cela se matérialisera par la délivrance d’un permis de pêche à chaque pêcheur et aides-pêcheurs, l’immatriculation des embarcations de pêche, l’enregistrement des engins de pêche à bord et les contrôles inopinés par l’administration des pêches, des engins à bord ou au débarcadère. A cela il faut ajouter l’interdiction de toute pratique de la pêche prohibée, le débarquement des captures dans tout autre lieu que les débarcadères reconnus par l’administration. Par ailleurs, obligation est faite aux pêcheurs de déclarer leurs captures. Les poissons immatures débarqués aux débarcadères feront également l’objet de saisie. « L’obtention du permis de pêche sera subordonnée au respect de toutes les dispositions prises. Dans les semaines à venir, une campagne de sensibilisation sur la réglementation des maillages et des méthodes de pêche autorisées sera entreprise auprès des pêcheurs.», a fait savoir le ministre Adjoumani, vendredi dernier, lors de sa visite à Ayamé. Au plan répressif, un programme de surveillance alliant des patrouilles régulières en liaison avec la Gendarmerie Nationale, les Eaux et Forêts et les Services des pêches sera mis en place. La pêche artisanale faisant très souvent l’objet de conflit entre les jeunes autochtones et les communautés étrangères, le ministère des ressources Animales et Halieutiques a également pris des dispositions pratiques à ce sujet.
Il s’agit de la mise en place d’un comité de médiation et de gestion des conflits qui va définir une stratégie de pêche durable. Invitant ainsi les pêcheurs artisans à une plus grande responsabilité dans l’exploitation des droits conférés par les permis de pêche qui leur sont octroyés. Il est aussi prévu la mise en place d’un suivi participatif des stratégies retenues et l’amélioration de la cohésion sociale et de la solidarité entre les différentes communautés. Notamment, l’organisation de la pêche par la mise en place de coopératives de pêche et l’intégration harmonieuse des pêcheurs allogènes au sein des communautés de pêche artisanale.
Sogona Sidibé
Source: www.News.Abidjan.net