GHANA, INVENTAIRE NATIONAL DE COLLECTE DES DONNEES SUR LA PECHE.
1. INFORMATIONS GENERALES RELATIVES AUX PÊCHES AU GHANA
Le Ghana, officiellement nommé la République du Ghana, est un pays d’Afrique de l’ouest. Il confine avec la Côte d’Ivoire à l’ouest, le Burkina Faso au nord, le Togo à l’est et le Golfe de Guinée au sud. Sa superficie totale est de 238 527 km2. Ses côtes s’étendent sur presque 550 km (Quaatey, 1997; Ali, 2004) et son plateau continental couvre une étendue de 24 300 km2. La superficie de la zone économique exclusive (ZEE) du pays est de 218 100 km2 (Amador, et al., 2006).
La capitale et la plus grande ville du pays est Accra. La population, en 2005, était de 21 029 000 habitants. Le pays est divisé en 10 régions, qui sont à leur tour sous-divisées en 138 districts. Ces 10 régions sont: Ashanti, Brong – Ahafo, Central, Eastern, Greater Accra, Northern, Upper East, Upper West, Volta, et Western. Les régions situées sur la côte sont Western, Central, Greater Accra, et Volta et dans la même zone, les principaux groupes ethniques sont Ahanta, Efutu, Ewe, Fante, Ga-adangbe, et Nzima (Marquette et al., 2002).
L’agriculture est le secteur dominant de l’économie ghanéenne, employant environ 60 pour cent de la force ouvrière. L’agriculture traditionnelle, pluviale, pratiquée surtout par des petits cultivateurs représente 45-50 pour cent du PIB et environ 75 pour cent des revenus des exportations. Le sous-secteur des pêches représente 5 pour cent du PIB agricole du pays.
Avec une consommation annuelle de 25 kg par tête, au Ghana, la préférence est accordée au poisson en raison de sa haute teneur en protéines animales. Il fournit 60 pour cent de la ration de protéines animales chez les ghanéens. Environ 75 pour cent de la totalité de la production intérieure de poisson sont consommés localement. L’industrie des pêches au Ghana repose sur les ressources provenant des secteurs halieutique et continental (eaux douces), des lagunes côtières et de l’aquaculture (Quaatey, 1997; NAFAG, 2007).
2. STRUCTURE DU SECTEUR DES PÊCHES
2.1 Sous-secteurs des pêches maritimes
Le secteur des pêches en mer est habituellement divisé en quatre sous-secteurs; petite pêche (ou artisanale), semi-industrielle (ou côtière), industrielle et thonière. De ces quatre sous-secteurs, le plus important est celui de la petite pêche ou pêche artisanale du point de vue tonnage de poisson débarqué qui s’élève à 70/80 pour cent de la production nationale de poisson halieutique (Quaatey, 1997; Amador, et al., 2006).
Pêches artisanales
Les pêches artisanales sont caractérisées par l’emploi d’engins multiples qui comprennent les sennes coulissantes, les sennes de plage, les filets calés, les filets maillants dérivants et les lignes et hameçons. Ces engins sont manœuvrés à partir de pirogues. Il y a environ 11 200 pirogues et plus de 124 000 pêcheurs déployant leur activité à partir de 300 sites et peut être même plus situés tout le long des 550 km de côte. Environ 50 pour cent de ces pirogues sont actionnées par des moteurs hors bord d’une puissance pouvant atteindre 40 CV (Amador et al., 2006).
Un certain nombre de ressources sont ciblées par des engins traditionnels divers: les sennes coulissantes et les sennes de plage capturent principalement les petits pélagiques. Les sennes coulissantes sont utilisées pour exploiter les sardinelles et le maquereau espagnol durant les périodes d’upwelling lorsque ces espèces migrent dans les zones côtières pour y pondre. En dehors de ces périodes, cet engin est utilisé dans les zones côtières pour exploiter et les anchois et les jeunes sardinelles. Les sennes de plage sont manœuvrées à partir de la plage et exploitent les sardinelles adultes durant les périodes d’upwelling et les anchois et jeunes sardinelles en dehors de ces périodes. Environ 90 pour cent des débarquements totaux de petites ressources pélagiques sont attribuables au secteur artisanal.
Les lignes, les hameçons et les sennes de plage sont les principaux engins traditionnels utilisés pour exploiter les ressources démersales. Les pirogues pratiquent la pêche à la ligne et à l’hameçon en eaux profondes d’environ 80 mètres sur des fonds rocheux. Certaines de ces embarcations pratiquant ce type de pêche sont équipées de glacières leur permettant de conserver le poisson et peuvent par conséquent rester jusqu’à trois jours en mer. Elles ciblent les espèces de dentés (en particulier Dentex gibbosus, Pagrus caeruleostictus et Dentex canariensis), les vivaneaux (Lutjanus fulgens, L.goreensis) et les mérous (Epinephelus aeneus).
Les sennes de plage exploitent aussi bien les poissons démersaux adultes que les jeunes spécimens mais de manière générale, surtout les jeunes poissons. Certaines des espèces ciblées par ces engins sont: le lippu pelon (Brachydeuterus auritus), le vivaneau rouge (Lutjanus fulgens), le vivaneau gris (Lethrinus atlanticus), les mulets (Pseudupeneus prayensis ou rouget du Sénégal, et les différentes espèces de mulets) et le poisson sabre commun (Trichiurus lepturus). Le secteur artisanal débarque annuellement environ 50 pour cent de la totalité du poisson démersal.
Les filets maillants dérivants sont employés au large pour exploiter les grands pélagiques tels que les requins (Carcharhinus spp.), les thons (Thunnus albacares, T.obesus), les voiliers de l’Atlantique (Istiophorus albicans) et les espadons (Xiphias gladius).
Les engins traditionnels sont également employés pour exploiter les mollusques et les crustacés. Jusqu’en 1983, les sennes de plage étaient principalement utilisées pour capturer les seiches dans les eaux ghanéennes assurant plus de 60 pour cent des débarquements annuels. De nos jours, les chalutiers industriels assurent plus de 80 pour cent des débarquements annuels.
Les sennes de plage sont utilisées pour capturer les crevettes, plus particulièrement Parapeneopsis atlantica et Penaeus kerathurus (adultes et juvéniles) et les juvéniles de Penaeus notialis lorsqu’ils quittent les estuaires en direction des eaux maritimes. Les filets à langoustes calés ciblent la langouste royale (Panulirus regius) sur les fonds rocheux à des profondeurs situées aux alentours de 40 mètres. La pêche artisanale assure plus de 60 pour cent des débarquements annuels (Quaatey, 1997).
Les pirogues de Lagas valent la peine d’être mentionnées. Ce sont des embarcations motorisées, spécialisées dans le maniement de la ligne et de l’hameçon, utilisant des containers calorifugés et de la glace pour conserver les espèces de haute valeur. Certaines de ces embarcations sont équipées de dispositifs de détection du poisson tels que les échosondeurs (FAO, 2007).
Pêches côtières semi-industrielles
La flotte semi-industrielle ou côtière est composée d’environ 230 navires en bois construits localement et équipés de moteurs à bord d’une puissance pouvant atteindre 400 HP. Leur longueur varie entre 8 et 37 m. Les navires dont la longueur est inférieure à 12 m sont désignés comme des embarcations de petite taille alors que ceux dont les dimensions se situent entre 12 et 22 m sont désignés sous le nom de navires de taille moyenne (Quaatey, 1997).
Les bateaux sont à buts multiples et sont utilisés tant pour la pêche à la senne coulissante que pour le chalutage de fond. Ils pêchent à la senne coulissante durant les périodes d’upwelling et se convertissent au chalutage de fond pendant le reste de l’année. Les senneurs à senne coulissante ciblent les sardinelles, le maquereau espagnol et autres espèces de carangidés. Ils partagent les eaux côtières avec la flotte artisanale pendant les saisons d’upwelling.
Les petits chalutiers ciblent le baliste cabri (Balistes capriscus) alors que les autres exploitent les brèmes marines (principalement Pagellus bellottii, Pagrus caeruleostictus et Dentex canariensis), les vivaneaux (Lutjanus fulgens et L. goreensis), le rouget de roche (Pseudupeneus prayensis), l’otholite (Pseudotolithus senegalensis), le lippu pelon (Brachydeuterus auritus) et le mérou (Epinephelus aeneus). Le chalutage de fond est pratiqué dans les eaux de profondeur supérieure à 30 m.
Les navires semi-industriels conservent leur poisson dans de la glace durant toute la durée des opérations de pêche en mer qui normalement durent de 3 à 5 jours.
La disparition de B.capriscus des eaux ghanéennes vers la fin des années 80 a fortement affecté la performance du secteur. Cette espèce constituait une des principales ressources de base pour ces navires (Quaatey; 1997).
Pêches industrielles
À l’heure actuelle, la flotte industrielle comprend 48 chalutiers, 7 chaluts-bœufs, 2 crevettiers, 26 bateaux porte-appâts et 10 senneurs à senne coulissante pour la pêche au thon. Les bateaux opèrent à partir des ports de Tema et de Takoradi situés dans les eaux profondes de l’océan. Les chalutiers et crevettiers exploitent les espèces démersales et semi-pélagiques. La Loi exige que ces bateaux spécialisés dans la pêche en eaux profondes opèrent dans des eaux au-delà de 30 m de profondeur (Loi sur les pêches 625 2002).
La flotte industrielle dispose d’installations frigorifiques pour conserver son poisson et de ce fait peut rester en mer pendant des mois. Il a été signalé que la flotte industrielle s’est considérablement agrandie depuis 1984, date à laquelle le Gouvernement ghanéen a reconnu la pêche industrielle comme un moyen pour promouvoir les exportations non traditionnelles (Quaatey, 1997; FAO, 2007).
Normalement, les chalutiers mesurent plus de 35 m et sont équipés de moteurs pouvant dépasser 600 HP alors que les crevettiers ont une longueur maximum de 30 m et des moteurs pouvant atteindre 350 HP et plus. À l’origine, les chalutiers pêchaient au large de la côte ouest et sud-ouest du continent africain en particulier dans la zone allant de la Sierra Leone à la Mauritanie et également dans la zone Angola-Namibie. Ces bateaux ont dû renoncer à fréquenter ces lieux, suite à la mise en application par ces pays de la Loi relative aux 200 milles marins de la ZEE.
Les crevettiers commerciaux sont tenus par la Loi d’opérer entre les latitudes 1o 45’ O à 2o30’ O et 0o15’ E à 1o 12’ E seulement et dans des eaux ne dépassant pas 30 m de profondeur. Ces bateaux ciblent principalement la crevette rodché (Penaeus notialis) (aussi connue comme crevette rose). La totalité des crevettes pêchées par ces navires est exportée. Parmi les captures accessoires de ces crevettiers on relève des poissons téléostéens qui comprennent des soles, des otolithes, des brèmes marines, des seiches et des rougets de roche.
Les chalutiers industriels doivent, par Loi, exercer leurs activités dans des eaux situées à plus de 30 m de profondeur. Cependant, les fonds au-delà des 75 m de profondeur des courbes de niveau ne sont pas chalutable, limitant ainsi leur champ opérationnel.
La flotte industrielle s’est considérablement agrandie depuis le lancement du Programme de redressement économique au Ghana, en 1984. L’objectif de ce programme était, entre autres, de promouvoir les exportations non traditionnelles afin de faciliter l’entrée de devises étrangères dans le pays. Le nombre de chalutiers en activité est passé de 10 en 1984 à 33 en 1995. Ces bateaux ciblent des espèces telles que les seiches, les brèmes marines, les mérous, les vivaneaux, les soles et les otolithes, toutes destinées à l’exportation. La pêche à la crevette sur base commerciale a également repris en 1986 avec deux bateaux qui sont devenus 18 en 1996. À ce jour, on compte deux crevettiers opérant dans les eaux ghanéennes.
Les bateaux industriels disposent d’installations frigorifiques pour conserver leur poisson à bord et peuvent ainsi rester en mer pendant des mois.
Pêches thonières
Les thoniers capturent principalement de l’albacore (Thunnus albacares), du listao (Katsuwonus pelamis) et du thon obèse (Thunnus obesus). La plupart des thoniers sont exploités par des compagnies mixtes, les propriétaires ghanéens possédant au moins 50 pour cent des actions, comme prévu par la Loi sur les pêches 625 de 2002.
2.2 Pêches continentales
Le lac Volta, les réservoirs étroitement liés à l’irrigation et aux projets en eau potable ainsi que les viviers sont les principales sources d’approvisionnement en poisson d’eau douce au Ghana. La pêche dans le lac Volta (avec une superficie de 8 480 km² et 5 200 km de rivage) assure environ 90 pour cent de la totalité de la production de poisson d’eau douce au Ghana, qui est estimée aux alentours de 90 000 de tonnes.
Environ 80 000 pêcheurs et 20 000 personnes chargées du traitement et de la commercialisation du poisson sont occupés dans les pêcheries du lac Volta. Les embarcations pratiquant des activités liées à la pêche dans le lac Volta sont au nombre de 17 500. Les engins employés à cet effet sont les éperviers et filets maillants, les hameçons et lignes et les pièges. La composition des espèces débarquées est la suivante: Cichlidés (38,1%), Chrysichthys spp. (34,4%) et Synodontis spp (11,4%).
Le Gouvernement ghanéen, afin de contrôler les activités illicites de pêche dans le lac Volta, a acquis un patrouilleur moderne pour renforcer les efforts entrepris par la Division du suivi, du contrôle et de la surveillance du Conseil d’administration des pêches.
2.3 Principales ressources du sous-secteur marin
Les activités du secteur maritime se réfèrent aussi bien aux pêches traditionnelles au moyen de pirogues dans les eaux côtières qu’aux pêches industrielles et les ressources tant pélagiques que démersales sont exploitées. Au Ghana, les pêches en mer sont affectées par un upwelling saisonnier qui se produit dans ses eaux côtières. Durant ces périodes d’upwelling (décembre/janvier–février et juillet–septembre) l’activité biologique en mer augmente et se traduit par l’augmentation de la production de poisson comestible et par l’abondance de la plupart des ressources halieutiques. Les saisons de pêche au Ghana sont fonction de ces périodes durant lesquelles est pratiquée la majeure partie des activités de pêche.
La classification des ressources halieutiques peut s’établir comme suit:
Espèces de petits pélagiques (Clupeidae [sardinelles], and Engraulidae [anchois])
Espèces de grands pélagiques (Scombroidei [poissons type maquereau]), et
Espèces démersales appartenant aux familles des Sparidae, Lutjanidae, Mullidae, Pomadasydae, Serranidae, Polynidae et Penaedae (FAO, 2007).
Ressources pélagiques
Ressources en petits pélagiques
Dans le cas des ressources pélagiques de petite taille, la biomasse varie considérablement. Il est estimé que les captures maximales que ces espèces peuvent soutenir sont de l’ordre de 180 000 tonnes. Les débarquements de sardinelles varient dans de telles proportions que certaines années (par exemple 1973 et 1978) elles ont été sur le point de s’effondrer, puis à partir des années 80, il y a eu une nette reprise avec un maximum constant de 140 000 tonnes en 1992. Depuis, les débarquements ont diminué pour atteindre 64 000 tonnes en 1997. Selon certains auteurs, l’abondance de maquereau espagnol (Scomber japonicus) varie dans une telle mesure d’une année à l’autre qu’il est pratiquement impossible de prévoir l’état de ses stocks. Il en est de même pour les débarquements d’anchois qui sont passés de 19 000 tonnes en 1986 à 82 000 tonnes en 1996 avec un maximum constant de 93 000 tonnes en 1987 (FAO, 2007).
Ressources en grands pélagiques
Les principales ressources thonières commerciales qui se trouvent dans les eaux ghanéennes sont l’albacore (Thunnus albacares), le listao (Katsuwonus pelamis) et le thon obèse (Thunnus obesus). En 1999, la totalité des captures était supérieure à 83 000 tonnes mais les débarquements moyens pour la période 2000-2002 n’étaient que de 67 000 tonnes.
Ressources démersales
Les estimations des études sur la biomasse montrent que le rendement potentiel de la biomasse totale des espèces démersales dans les eaux du plateau continental ghanéen se situe entre 36 000 et 55 000 tonnes par an avec une moyenne d’environ 43 000 tonnes. Cependant, les débarquements au cours de la dernière décennie, qui atteignent environ 50 000 tonnes, excèdent ce rendement potentiel, ce qui donne une idée de la pression qui s’exerce au niveau des pêches (Quaatey, 1997; FAO, 2007).
Ressources crevetières
Bien que le Ghana soit spécialisé dans la pêche crevettière, les crevettes sont capturées par toutes les flottes (à l’exception des thoniers) principalement dans les eaux superficielles et à proximité des estuaires. Les pêcheurs traditionnels prennent les crevettes, qui sont normalement des juvéniles de faible valeur commerciale, dans des sennes de plage. Par le biais d’une approche axée sur l’établissement de modèles, la production maximale soutenue (MSY) de crevettes est estimée à 350 tonnes par an, captures par les artisans pêcheurs non comprises. Bien que les captures n’aient jamais dépassé ce seuil de MSY, l’industrie a montré des signes de déclin au cours des six dernières années (FAO, 2007).
3. POLITIQUE DES PÊCHES ET OBJECTIFS DE GESTION
3.1 Cadre juridique des pêches
Le Ghana fait partie de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et de l’Accord d’application de la FAO de 1993. Par contre, le pays ne fait pas partie de l’Accord des Nations Unies sur les stocks de poisson de 1995.
Pour plus d’info visitez: WWW.FAO.ORG