En perspectives du prochain Sommet Union européenne-Union africaine (UE-UA), la Confédération africaine des organisations professionnelles de pêche artisanale (CAOPA), qui compte prendre part à cet évènement international très important pour le secteur de la pêche, surtout artisanale, plaide pour la durabilité du poisson au profit de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau des populations africaines.
Cette organisation faitière confédérale, basée sur la Petite-Côte sénégalaise, au sud-ouest de Dakar, qui rassemble des organisations professionnelles de femmes et d’hommes de la pêche artisanale maritime et continentale d’Afrique, est, depuis sa création en 2010 à Banjul, en Gambie, suite à des rencontres annuelles depuis 2000, orientée vers la promotion d’une pêche artisanale durable en Afrique, rappelle son président, le sénégalais Gaoussou Guèye.
La structure regroupe des organisations de 26 pays africains : Afrique du Sud, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée Bissau, Guinée, Libéria, Maroc, Mauritanie, Mali, Nigéria, Ouganda, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Sierre Léone, Sénégal, Madagascar, Seychelles, Comores, Ile Maurice
Selon la CAOPA, qui rappelle l’importance de la pêche artisanale en Afrique, des chiffres à l’appui, le secteur de la pêche artisanale est ‘’essentiel’’ pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population, et fournit, selon le Fonds des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), près de 12 millions d’emplois aux hommes et aux femmes des communautés côtières africaines, dont 90% sont dans la pêche artisanale maritime et continentale.
‘’Pour vous donner un exemple précis, une pirogue pêchant les petits pélagiques au Sénégal peut employer une centaine de personnes de la capture jusqu’à l’assiette du consommateur africain’’, ont renseigné les responsables de la CAOPA dans un document dont nous avons obtenu copie.
Selon eux, ‘’plus de 70% du poisson pêché en Afrique’’ est transformé de façon artisanale, avec l’utilisation du salage, du séchage, du fumage, du braisage, entre autres pratiques artisanales faites essentiellement par les femmes transformatrices, à destination des marchés locaux, sous-régionaux et régionaux.
‘’Ce poisson transformé, composé essentiellement d’espèces pélagiques, constitue un véritable filet de sécurité alimentaire pour nos populations’’, précise-t-on dans ledit document qui signale qu’un danger menace cette sécurité alimentaire aujourd’hui avec la transformation des petits pélagiques en farine de poisson.
Insistant sur des exemples de coopération avec l’UE au bénéfice de la pêche artisanale africain, la CAOPA renseigne qu’il y a ‘’deux éléments des relations de pêche entre l’UE et les pays africains pour lesquels nous avons des expériences de coopération positives au bénéfice de la pêche artisanale africaine’’.
Il s’agit, selon son président, des ‘’accords de partenariat de pêche durables (APPD) signés actuellement entre l’UE et 11 pays africains, la coopération au développement de l’UE, mais aussi de certains Etats membres de l’UE très impliqués dans l’appui à la pêche artisanale africaine, comme l’Allemagne, qui préside actuellement le Conseil des ministres de l’UE.
Au niveau des APPD, précise les responsables de la CAOPA, la pêche artisanale apprécie le fait qu’ils ‘’transparents’’ que l’UE aussi ait été engagée, lors de la dernière réforme de la politique commune de la pêche en 2013, à ne pas pêcher des ressources pour lesquelles un surplus n’a pas été démontré.
‘’On a pu également apprécier des actions positives au niveau de l’utilisation de l’appui sectoriel des APPD, comme récemment l’achat d’un conteneur frigorifique pour la coopérative de San Pedro, en Côte d’Ivoire’’, a-t-on lu dans le document de la CAOPA.
Avec ce conteneur, ajoute la structure, les ‘’pertes après-capture’’ seront ‘’fortement diminuées’’, et les quantités supplémentaires de poissons congelés ravitailleront aussi les coopératives de femmes transformatrices d’Abidjan pendant les périodes les plus creuses.
‘’Si on ajoute à cela d’autres améliorations, comme les fours FTT de la FAO2, qui permettent aux femmes ivoiriennes d’avoir de meilleures conditions de travail et un meilleur produit transformé, l’initiative de l’UE s’inscrit dans une dynamique du développement durable de la pêche artisanale ivoirienne’’, explique la CAOPA dans sa note.
Dans le cadre de l’APPD avec le Sénégal, c’est 100 balises de géolocalisation qui ont été achetées avec les fonds de l’appui sectoriel de l’APPD au profit de la pêche artisanale, ce qui améliore fortement la sécurité en mer des pirogues.
Pour la coopération au développement, Gaoussou Guèye et ses camarades citent deux exemples que sont le Projet PESCAO destiné à Afrique de l’Ouest, qui a pu donner des résultats positifs en matière de lutte contre la pêche INN.
Plusieurs opérations de surveillance en mer ont permis d’arraisonner beaucoup de navires qui ne respectent pas les règlementations en vigueur au niveau des pays de la région.
La formation des inspecteurs de pêche, qui a aussi été faite en collaboration avec l’Agence européenne de contrôle des pêches (AECP), est également à saluer, ainsi que l’appui de l’UE pour la mise en place de plateformes consultatives d’acteurs non étatiques pêche en Afrique initiées par l’UA.
Ces plateformes, dans lesquelles les membres de la CAOPA sont très impliqués, sont des outils indispensables pour une mise en œuvre du future partenariat Europe-Afrique qui favorise une pêche artisanale durable qui puisse continuer à nourrir nos populations.
Serigne Makhtar Fall
Source:https://www.leral.net/AFRIQUE-Plaidoyer-de-la-CAOPA-avant-le-Sommet-UE-UA-pour-la-durabilite-du-poisson-au-profit-de-la-securite-alimentaire_a282779.html