L’Ambassadeur et Chef de la Délégation de l’UE en Guinée Mr Gérardus GIELEN, dans une radio de la place le lundi 30 juillet, a exprimé son souhait de voir maintenues les dispositions de lutte contre la pêche INN.
Celles-ci relevant de la Gouvernance sectorielle, mesures prises au niveau des Nations Unies, doivent autant que possible être appliquées par les États. Dans ce cadre, que la Guinée entre et sorte en deux ans (2014 – 2016) d’une liste noire établie par la seule Union Européenne ne doit constituer d’argument pour ne mettre l’accent essentiellement que sur le contrôle et la surveillance maritimes, dans nos relations avec les partenaires au développement.
La pêche Illégale – Non Déclarée – Non Réglementée ( INN ) a toujours existée et pratiquée dans les mers et océans à travers le monde.
Cette lutte doit être renforcée et poursuivie.
Mais, elle n’est pas l’apanage de la Guinée.
Le Japon et l’Islande pratique la pêche INN sur la BALEINE. Des navires européens pratiquent la pêche INN sur le THON ROUGE en mer méditerranée. Cette pratique est courante par la surpêche que font les navires Russes et Asiatiques sur les côtes atlantiques de l’Afrique. Les ONGS Greenpeace et WWF en font régulièrement état.
IL est important de donner une orientation nouvelle aux relations entre le Gouvernement et les partenaires techniques et financiers concernant le secteur de la pêche dans notre pays.
Nous devons abandonner cette mauvaise et malheureuse stratégie d’exploitation des ressources qui a toujours consisté, depuis des décennies, à mettre l’accent sur la vente des LICENCES et non sur la vente des PRODUITS de pêche.
Nous n’aurons cesse d’inviter les médias à titiller l’administration des pêches et les partenaires techniques sur cet état de fait.
Nous l’avons fait en janvier 1997, avec le mauvais accord Chinois du temps du Gouvernement SIDIA. Accord qui permettra à 23 bateaux de pêcher en Guinée, puis aller livrer leurs captures dans leur usine au Sénégal. Le puissant État Chinois fut pourtant contraint de construire cette usine à Dakar pour pouvoir bénéficier d’un accord de pêche en 1993.
Plus de 30% des capitaux investis dans les industries de pêche de droit Sénégalais sont détenus par les professionnels européens.
En Octobre 2007, avec copie à la Délégation de l’UE en Guinée, sur l’évolution de la réglementation relative à la classification des navires européens. Suivant les dispositions de l’accord de pêche (2004 – 2008) qui nous liait, leurs bateaux se trouvaient en infraction INN dans les eaux maritimes Guinéennes. Le Gouvernement Lansana KOUYATÉ s’est passé de cette information.
La Côte d’Ivoire est le 1er pays d’Afrique et le 2 ème Exportateur au monde de THON. Grâce à ses industries de transformation.
Dans notre pays, ni l’État ni un privé (Guinéen ou Étranger) ne possède à date une industrie de transformation et de valorisation de produits de pêche. Ni l’État, ni un privé n’est propriétaire d’un bateau de pêche, basé au port de Conakry ou de Kamsar, dont les activités d’exploitation répondent aux exigences et critères d’évaluation d’une économie maritime nationale inclusive.
La capacité totale de stockage de l’ensemble des entrepôts frigorifiques ne dépasse pas 25000T. Alors qu’il est déterminé un potentiel annuel exploitable de l’ordre de 140000T.
Le Trésor public ne peut continuer à ne percevoir que des recettes, plus ou moins sécurisées, liées à la vente de Licences et d’arraisonnement de navires en infraction INN.
Recettes qui n’ont jamais atteint 10 Millions de Dollars par an.
Pendant que les revenus issus de ce secteur au Sénégal sont de l’ordre de 250 Millions de Dollars par an depuis des décennies.
En Mauritanie 350 Millions et au Maroc 1Milliard de Dollars par an.
Les services économiques de leurs ambassades en Guinée peuvent toujours y apporter des correctifs.
Les raisons de la dépréciation des ressources halieutiques de la Guinée sont essentiellement le fait de cette politique de pêche qui met une fixation sur la gestion des licences et son corollaire de contrôle et de surveillance maritimes.
Aucun des accords précédents n’a prévu la réalisation d’infrastructures portuaires et d’installations industrielles de transformation et de valorisation des produits. De Centres de formation professionnelle, d’Instituts de technologie et biologie marine, voire de Laboratoire d’analyses de microbiologie et de chimie.
Nous observons en ce moment, étant à la corniche du côté du Palais des Nations, au frustrant spectacle de la présence de dizaines de bateaux qui attendent la fin du Repos Biologique pour renouveler leurs Licences. C’est la manifestation concrète de l’intense activité que mènent les navires industriels dans nos eaux.
C’est anormal que, depuis des décennies, les activités de centaines de bateaux n’aient pas d’impact sur l’économie maritime nationale.
Nous souhaiterions que Mr Gérardus GIELEN veuille bien, de son propre regard, en avoir la preuve matérielle en observant de cette place.
Nous devons et pourrions développer une économie maritime nationale avec les captures de ces navires dans nos zones de pêche.
Grâce aux installations du Complexe Industriel CIPECO ( ex SOGUIPECHE ) situé au quai 7 du port autonome, sur une superficie de 15400 ha.
Comme du temps de la Société mixte Guinéo-Francaise SOGUIPECHE :
- CIPECO doit concéder l’exploitation des CUVES de Carburant (2500TM) à un PÉTROLIER (TOTAL GUINÉE) ou à la SGP dont les CUVES sont reliées à celles-ci par un Pipe Line.
- SOGEPAC doit disposer (en location), dans l’enceinte de ce Complexe, d’un Magasin de dépôt-vente de ses cartons et autres accessoires d’emballage de produits Halieutiques. C’est l’unique Industrie d’emballage, située à Maneya, que la Guinée possède.
- La Société SAFREC-SARL est disposée à rééquiper l’Atelier de réparation et de maintenance par une concession pour son exploitation. Elle y installera des techniciens spécialistes en mécanique marine.
- CIPECO devrait se consacrer sur ce qui est sensé constituer les principales caractéristiques de ses activités :
A- l’armement à la pêche industrielle,
B- l’usine de traitement, de transformation et de valorisation des produits Halieutiques.
Tout ceci est possible dans cet espace portuaire. Quand ce Complexe sera en face de multiples demandes de services et prestations diverses.
Que SONIT accepte d’y effectuer le SOUTAGE de ses grands navires STM et la commande de ses milliers de Cartons d’emballage.
Que SABOU INTER accepte d’en faire autant pour ses 15 bateaux industriels, en plus des réparations et maintenances.
Le PDG de la Société SABOU INTER, Mr BOBODI CAMARA a déjà donné son accord de principe à cet effet.
Nous essayerons de supplier TOTAL GUINÉE d’accepter d’accompagner et d’appuyer cette mise en œuvre. Que les Pétroliers fassent pour la pêche Guinéenne ce que nous les avons vu faire au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
Il est utile et important pour le développement de cette économie maritime dans ce secteur créateur d’emplois et de richesses.
CIPECO est une Société mixte Guinéo-Mauritanienne ( 65% COFRIMA – 20% ÉTAT GUINÉEN – 15% PRIVÉS GUINÉENS ).
CIPECO est issue de la Convention de concession de ce Complexe Industriel dont a bénéficié la Société Mauritanienne COFRIMA du Groupe AON.
Convention signée le 10 avril 2012.
Mais CIPECO peine à exécuter les engagements contractuels de COFRIMA. Depuis ainsi six(6) ans, le projet d’investissement de 8500000 US Dollars n’a pu aboutir comme prévu :
- au quadruplement de la capacité des Cuves de Carburant,
- au doublement de la capacité de l’Atelier de réparation et de maintenance.
- à l’affrètement de 20 bateaux de pêche, dont 10 Glaciers et 10 Congélateurs.
- la mise aux normes techniques et technologiques des installations de froid (salles de traitement, tunnels de congélation, fabrique de glace, chambres frigorifiques).
Les dispositions de l’article 5.2 de cette Convention, puis celles corrélatives à la Convention de concession signée par la suite avec le port autonome le 13 janvier 2015 en son article 7.1 sont assez pertinentes pour la mise en œuvre rapide et efficace des objectifs de réalisation d’activités liées à l’économie maritime dans le secteur de la pêche dans les six (6) mois qui suivent ce mois d’août 2018.
Que les partenaires au développement veuillent bien comprendre que nous devons maintenant parler dans ce secteur d’investissements productifs dans les infrastructures portuaires et d’installations industrielles de transformation et de valorisation des produits Halieutiques.
Plus essentiellement que de contrôle et surveillance maritimes de nos zones de pêche.
Car cela donne l’impression, à s’y méprendre par ailleurs, que des objectifs cachés seraient que nous fassions partie de ces zones pour lesquelles la préservation des ressources est une exigeante priorité dans le cadre d’une stratégie régionale d’approvisionnement sûr et régulier en produits Halieutiques de leurs industries dont certaines, à proximité, sont installées à Dakar et à Abidjan.
Mr Gérardus GIELEN est le 3ème Ambassadeur de l’UE qui quitte la Guinée sans avoir pu relever le plus grand défi technique et financier survenu depuis le 02 février 2007, à savoir la réouverture du marché européen fermé à nos produits Halieutiques d’exportation.
Pourtant, la résilience des exigences sanitaires présentées par les Experts de l’Office Alimentaire et Vétérinaire (OAV) de l’UE en 2007, n’est pas une sinécure. Il est simplement recommandé, pour l’intérêt même du consommateur Guinéen, que la traçabilité de la chaîne de production de valeurs des produits réponde aux normes sanitaires requises. En Guinée, les deux principales contraintes résident :
- dans l’absence d’installations de froid aux normes sanitaires requises dans un port salubre de débarquement des captures. Cette contrainte sera bientôt levée avec la réception des ports artisanaux de Temènètaye et de Bonfi. Grâce à la coopération Marocaine.
- dans le manque d’un Laboratoire d’analyses de microbiologie et de chimie. Il ne suffit pourtant pas plus de 200000 USD pour mettre aux normes le Laboratoire Central Vétérinaire et de Diagnostic (LCVD) du Ministère de l’élevage. Ce Laboratoire fut inspecté à cette époque et agréé par les Experts de l’OAV de l’UE.
Aujourd’hui l’Office Guinéen de la pêche ONSPA, sans état d’âme et sans gêne, utilise l’assistance technique et financière (40000€) de l’UE pour envoyer chaque mois en Mauritanie des échantillons de nos produits dans un Laboratoire pour analyses.
La réalisation effective dans le secteur de la pêche en Guinée d’une véritable économie maritime est impérative et possible à court et moyen terme. Six mois et Un an.
L’unique Complexe Industriel de pêche de la Guinée SOGUIPECHE a été réalisé en 1990 sur financement de l’Union Européenne.
Il fut inauguré le 1er septembre 1990 par Mr Jean-Yves Le DRIAN actuel Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de France, à l’époque Ministre en charge de la pêche.
La réhabilitation et la mise à niveau aux normes techniques et technologiques de ces installations conçues par le Cabinet français COFREPECHE peuvent servir à la création de cette économie maritime nationale.
Dans le cadre des objectifs fixés par le PNDES présenté à Paris, COFREPECHE a proposé au Gouvernement Guinéen une esquisse d’un projet de création d’un pôle de compétitivité et de développement intégré de la pêche à KAMSAR.
La lettre adressée à cet effet le 31 janvier 2018 a été favorablement accueillie et appréciée par le Ministre de la pêche, de l’aquaculture et de l’économie maritime, Monsieur Frédéric LOUA. L’étude de cadrage suit son cours.
Le même type de projet a été réalisé en Mauritanie en 2014 sur financement de la Banque Mondiale.
Il est également en cours de réalisation à Dakhla au Maroc sur financement interne.
COFREPECHE compte s’appuyer sur la nouvelle plateforme du Club des Investisseurs Français en Guinée CIFEG.
Cherif DIALLO
Consultant en Pêche
Gérant de SAFREC-SARL
Ancien DG SOGUIPECHE
email : Cherif_diallo19@yahoo.com
Source: http://lexpressguinee.com/fichiers/blog16-999.php?pseudo=rub2&code=calb11540&langue=fr